Kurt Cobain

Dans ma chambre, dans les débuts de mon adolescence, il y avait un grand portrait de Kurt Cobain, de face, en noir et blanc. C’était un poster que ma soeur avait accroché – j’ai hérité de sa chambre quand elle est partie de la maison. Je me souviens que je n’avais pas la moindre idée de qui il était, à l’époque – sale petite ignare que j’étais. Ce portrait a longtemps orné l’un des murs de ma chambre – il était très grand – siégeant non loin de kitscheries plus ou moins douteuses (paysage paradisiaque, gros bébé moche et jouflu avec un slogan pas très intelligent etc.) Je dois dire que ce portrait me fascinait autant qu’il m’effrayait. Le genre de photo où le regard vous suit, où vous que soyez dans la pièce. J’ai mis beaucoup de temps avant de me résoudre à le décrocher, il me torturait trop. Je crois que c’était cette photo. Cette image me hantait, littéralement. Bien plus tard, j’ai commencé à écouter du Nirvana, à aimer ça. Dire que pendant toutes ces années, ce visage m’a subjuguée… sans même que je sache qui cela pouvait être… Et dire que c’était lui !

Je regretté ce poster, égaré depuis. Quand je regarde l’image, à présent, je crois que le même sentiment douloureux me revient. Toujours cette cruelle fascination. Il me semble néanmoins que je la comprends et que je l’admets mieux.