Repoussoir

– Oh mon petit, tu as l’impression d’être un repoussoir ?

– Je ne suis pas petit.

– Tu vois, on ne peut pas te parler : j’ai à peine dit trois mots, tu contestes.

– Ah donc il ne faut jamais contester quand on discute.

– Tu vois bien qu’il s’agit de deux mots différents – contester, discuter. Discuter, ce n’est pas se disputer…

– Oui donc, tu n’as absolument rien à me dire.

– Il est vrai que tu es une sorte de repoussoir.

– Tiens ! Comme c’est drôle. Tu peux bien aller te faire voir, maintenant que tu me confirmes dans mes soupçons.

– Pourquoi tant de haine ?

– Pourquoi tant de peine ?

– Qu’est-ce qu’on t’a fait ?

– Rien. Je m’exprime. Les gens fuient. Je n’y peux rien.

– Mais pourquoi tu t’exprimes ?

– …?

– On t’a demandé quelque chose ?

– Non mais…

– Et bien ?

– Je croyais…

– Ah bon ! Tu croyais !

– Oui, de toute façon, autant se taire.

– N’est-ce pas ?

Petite

Petite bafouille de haut vol de bas étage : mondanité, mondanité, vanité – calamité. Deux semaines trop pleines de rien, très vaguement globalement. Bon sang bon sang. Heureusement certaines choses restent et aujourd’hui, du vrai rien – de l’écriture à venir sinon rien. Mes poches sont vides et je vais devoir sortir mes gros yeux de chien mouillé pour de l’argent. Ou mon sourire colgate. C’est selon l’humeur, si on veut bien de moi quelque part, ou si je vais devoir payer de ma personne à un moment ou à un autre. Ces choses-là sont trop compliquées à écrire et complètement insignifiantes à expliquer…

Les aventures de Rien-à-dire et Rien-à-faire commencent toujours de la même manière : par un bâillement long et prolongé. Succédané de bien-être inachevé. Fariboles, entourloupes, ronds de jambe et de bras à n’en plus finir. Et au fond, on a toujours rien à dire malgré les jolis mots. Je me meus, je me meurs !

Non mais franchement, vous n’avez jamais honte ? De ? Si bien sûr. Forcément. A un moment ou à un autre, ça vient, ça vous comprime la poitrine. Les poumons se collent l’un contre l’autre et se frottent jusqu’à se faire mal. On a beau essayer de cracher, après… – c’est drôle comme je crache souvent dans mes textes ici.

Oh et puis zut hein. Sérieusement. Il faudrait que je m’y remette et que je me pressurise une bonne fois pour toutes.

Ca va ?

La personne normale répond par un “ça va” courtois et souriant.
La personne chiante commence à te dire “ça va pas” et à te raconter la dernière tuile qui lui est arrivée chez le boulanger, chose dont tu te contrefous sévère.
La personne dépressive te demande pourquoi tu lui demandes ça. Elle peut même aller jusqu’à te faire une analyse de l’absurdité de la question, à maugréer sur les personnes normales ou sur les personnes chiantes et sur la manière dont elles peuvent répondre.
La personne névrotique réplique qu’elle ne sait pas où elle va.
La personne psychotique rétorque qu’elle ne va nulle part et que tu n’as pas à la suivre là où elle va.