V2

Il faisait frais ce soir-là, las lasse j’attendais que les heures passent je m’ennuyais au milieu du monde je me sentais quelconque et sombre

et là

elle belle – lui là – je me demande qui il elle est s’il me regarde je souris sans y penser timide je détourne le regard hagard et d’un geste frivole je fais mine de ne pas le voir elle

je m’approche et j’observe sa bouche ses yeux son nez sa poitrine je passe ma main dans mes cheveux je ris j’oublie

le ciel est gris et tes mains sont roses, regarde-moi, tes yeux bleus tiraillent mes lèvres en un sourire béat et je me sens flasque

je ris j’oublie

les lumières déchirent mon ventre j’essaie de parler je tremble, qui que quoi pourquoi et si jamais

bavassons de tout de rien de nous je n’ose quel est ton nom je te reconnaîtrai entre mille

je frémis et je glisse, revoyons-nous bientôt

il est là elle brille parmi les autres dissemblable parmi le néant du quotidien j’ai de l’allant en avant mon envie ressuscite d’être parmi les gens avant n’est plus je me fais beau belle je me sens bien claire j’exulte à l’idée de croiser qu’on s’entrecroise, je m’égare et ma faim s’éprend

excessif hystérique je fais de grands gestes je rougis sous tes yeux je rêve je ris trop fort je parle trop bas, je murmure des avances et je m’avance tout bas je ne t’oublierai pas

je ne peux pas je comprends qu’elle n’est pas à moi et je tressaille, j’honnis celui qui l’emporte je suis désolée et je m’en veux elle n’est à personne mais elle n’est pas près de moi

seul à deux ma soif s’attise et chaque heure qui passe est un supplice qu’ai-je fait pourquoi s’éloigne-t-il pourquoi s’évertue-t-elle alors qu’elle tue entre ses cuisses chaque espoir chaque soir de la posséder à cause de lui

je voudrais mourir entre tes dents ton sourire, j’en perds la raison d’être je trébuche mais j’ai si faim

je te revois je souris par habitude, la servitude de ton regard me tiraille j’excelle dans le rire éteint je sais que nous ne nous trouverons pas mais je te regarde, je te vis, je t’envie, j’aimerais te garder collé en toi plus que quiconque être ailleurs ensemble je délire tu me comprends et ça me fait mal

je me sens étrangère sans toi je sais qu’elle a froid et j’en ai peur je suis triste donne-moi ta bouche ton parfum je ne me sens plus à ma place fatalement

faut-il que je craque je m’égare je souffle je te hais point trop s’en faut

je te croise et je te rate, je pleure si fort sur l’heure que les gens s’égrènent au loin avec des airs de vauriens

V1

Il faisait frais ce soir-là, je me sentais las lasse j’attendais que les heures passent je m’ennuyais au milieu des autres je me sentais quelconque et sombre

et soudain

elle est belle il est là je me demande qui il elle est s’il me regarde je souris timide je détourne le regard hagard et d’un geste frivole je fais mine de ne pas le voir elle

je m’approche et je l’observe sa bouche ses yeux son nez sa poitrine je passe ma main dans mes cheveux je ris j’oublie

le ciel est gris et tes mains sont roses, regarde-moi tes yeux bleus tiraillent mes lèvres en un sourire béat

les lumières éclatent dans mon ventre j’essaie de parler je tremble, que fait-il pourquoi qui est-ce et si jamais

discutons bavassons de tout de rien quel est ton nom je te reconnaîtrai entre mille

je frémis et je glisse, revoyons-nous bientôt

il est là elle brille parmi les autres non semblables parmi le rien du quotidien j’ai de l’allant mon envie ressuscite d’être parmi les gens je me fais beau belle je me sens bien claire j’exulte à l’idée de croiser qu’on s’entrecroise, je m’égare et ma faim s’éprend

je me sens excessif hystérique je fais de grands gestes je rougis sous tes yeux de rêve je ris trop fort je parle trop bas, je murmure des avances et je m’avance tout bas

je réalise que je ne peux pas je comprends qu’elle n’est pas à moi et je tressaille, j’honnis celui qui l’emporte je suis désolée et je m’en veux

ma soif s’attise et chaque heure qui passe est un supplice qu’ai-je fait pourquoi s’éloigne-t-il pourquoi s’évertue-t-elle alors qu’elle tue entre ses cuisses chaque espoir chaque soir de la posséder à cause de lui

je voudrais mourir entre tes dents ton sourire, j’en perds la raison d’être je trébuche

je te revois je souris par habitude, la solitude me tiraille j’excelle dans le rire éteint je sais que nous ne nous trouverons pas là mais je te regarde, je vis, je t’envie, j’aimerais te garder être plus près de toi que quiconque être ailleurs ensemble je délire tu me comprends et ça me fait mal

je me sens étrangère loin de toi et j’en ai peur je suis triste donne-moi tes yeux ton parfum je ne me sens plus à ma place fatalement

faut-il que je craque

Chutier

Travail avec ou sans progrès à venir.
Mis à jour autant que pouvoir se fait.
Une nouvelle expérimentation.
Que dire ?
J’y viens.

Maïa

12 segments, beaucoup de mots, point final.

Je me réveille doucement.

Il va falloir raboter comme il faut maintenant.

Le pire est à venir.

Oh, hell(o)

Excusez-moi, pardon, je trébuche. S’il vous plaît. Je vous prie. Peu importe. Comment ça va ? C’est ça oui. Va ? Donc ! Fi. Et bien ? Bien, pas loin. Ah bravo.

Et tu le sens comment ? Loin, loin. Moyen. Ca trépigne sur les joues, j’en ai mal à la mâchoire. Et tu ne fais rien ? Si je fais. Quoi ? Rien. Mais pas de négativité dans cette histoire. Tout va. Bien ? Oh, hell(o).

Tu pourrais lui dire quelque chose enfin. L’appeler. D’où ? Pour ? Si je savais quoi lui dire. Je n’aurais rien à faire. Il n’y aurait plus de problème depuis longtemps.

Tu ne vas pas attendre que ça finisse par crever ! Je me dégonfle toujours. C’est comme ça. Un jour il sera trempé de larmes. Ce sera moche, ce sera trop tard. Mais je ne peux pas. Je n’arrive pas à dire. Je ne sais pas quoi faire.

25° – 2,5 g

Légumineuse. Grumeuse plutôt. Grumpy. Cette histoire ne sera pas très intéressante. Elle aura l’haleine des lendemains difficiles.

Ca vous gratouille derrière l’oreille, vous avez envie d’en parler. Je vous écoute. En fait j’ai le coeur au bord des lèvres. Le coeur plein d’une sève ardente. Et alors ? Cette sève me brûle. Aigreurs d’estomac. Vague vertige. Nausée ? Sous la langue, par intermittences du coeur. Combien de fois ? Parfois.

Ne me faites pas rigoler. J’ai beaucoup ri hier soir, c’est vrai. Ce rire était violent. Une forme de rage vengeresse. Un soufflet porté à l’existence. Une griffure sur la toile de l’amertume. Des coups de poing hilares au coeur qui tremblote. La bile rebelle, dans le zèle, on s’attelle à… tressauter, cancanner, ahaner. Aha ? N’est plus, ni moins.

Je regarde de travers, les choses m’échappent. Que nenni. Vous me faites marcher un peu loin. Les voyages forment la jeunesse. Y compris les voyages de l’âme sur les eaux tumultueuses des frustrations écartelées. Trop d’adjectifs dans votre proposition, pas assez d’impératifs. Je vous merde, Monsieur, si vous saviez. Je ne sais pas. Ah bien tant pis.

Pis encore. Mes ongles qui se renfoncent sous mes doigts. C’est une bien drôle d’idée. Une bulle de vapeur alcoolisée flotte sous votre nez, Madame. Chassez-la du revers de votre main. Attendez, je mets un grand gant, s’il vous plaît. Faites donc. Eh bien voilà, c’est mieux.

Etc.

L’ombre d’un sourire

L’ombre d’un sourire glisse sur mes doigts
Je me suis demandée ce que tu faisais là ?
- J’erre, m’as-tu répondu, à moi, pauvre hère,
Et ta faucille en jachère…
Que peux-tu faire de ces maux-là ?
- J’exhorte, je sabote, je tournoie – et tu as ri.
Je n’ai jamais aimé ces choses-là.

J’ai dansé sur une tombe
Mon enfance s’est déchirée sous mes yeux
Mes dents se sont affolées
J’ai perdu ce que j’avais à dire
Et j’ai tout enterré

Ma conscience est désormais recouverte de rance
Je sens mourir en moi tous ces sentiments dépassés

L’ombre de ton sourire métallique a frôlé ma panse
Mon coeur s’est effondré
J’ai vu un froid me chatouiller
J’ai cru que tu voulais me rendre mes espérances

J’ai voulu t’enlacer, je n’ai rencontré que du vide

Je ne suis rien, tu n’es plus
Nous n’avons jamais été

La vie ne m’a jamais semblé aussi stupide

Je tombe toujours plus bas

Je crie sans écho
Il se pourrait que je me noie
Tu me tends ta serpe en acier
A m’en couper les doigts
Je m’y accroche
J’y mordrais à pleines dents si je pouvais
Mais ma bouche éhontée gargouille de supplices effrontés

Ne sais-je sourire

Ebauche

seule sale sad Sade (malade-if)
sale lasse masse passe basse (tête-baisse)
seule laisse baisse blesse cesse (qu’est-ce)
sale celle belle telle qu’elle (hèle-as)

Do you, Mister Jones ?

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Paroles

Le soupirant

- Je sais pas bien ce que je peux lui trouver au fond.
- Ah bon ? Pourtant…
- Oui, je sais. Je suis fou d’elle. C’est assez ridicule de dire ça comme ça, mais bon. Tu vois, quand tu la regardes, elle a pas l’air de grand chose comme ça. Enfin non, c’est faux : je l’ai vue et je l’ai aimée, immédiatement. Je l’ai pas su tout de suite, mais en y repensant… Elle m’obsédait avant même que je la connaisse. On m’avait parlé d’elle. On m’avait dit qu’elle était brillante. Ca m’avait intrigué. C’est rare, quand même, qu’une personne puisse apparaître aux autres comme “brillante”. J’aimerais qu’on parle de moi comme ça. Bref, la première fois que je l’ai vue, j’ai été comme attiré, sans bien pouvoir me le formuler à moi-même. Je lui ai parlé. Elle a souri, elle était vivante et joviale. Et effectivement, ce petit rien dans ses yeux, qui “brille”… On se rend vite compte que ce n’est pas quelqu’un d’ordinaire. Sa beauté n’est pas époustouflante : c’est plutôt une somme de détails, qui ont toujours “l’air de rien”, si on fait pas gaffe, mais qui sont en fait ultra fascinants pourvu qu’on s’y attarde. C’est le genre de personne : plus tu la regardes, plus tu peux découvrir un truc que t’as raté, et tu te lasses pas, ensuite, de la regarder. Les charmes s’ajoutent et à la fin, tu te retrouves piégé dans une somme de désirs qui s’alimentent les uns les autres. On devient ensuite rapidement obsédé, obsessionnel…
- On m’a dit que c’était quelqu’un d’assez faux, en définitive.
- C’est peut-être vrai. Au fond je n’en sais rien. J’ai beau chercher, j’ai beau essayer de la comprendre, j’arrive à rien. C’est clair qu’elle se planque en permanence – de quoi, je ne sais pas. Des fois elle a donné l’impression de se dévoiler, et je n’ai rien compris. Elle est contradictoire, elle erre, comme ça, on dirait en fait qu’elle se cherche elle-même et que ça lui fait mal, au fond, peut-être. De devoir tant chercher. Je brode, en fait j’en sais foutrement rien, de ce qui peut se passer dans sa tête. Et ça m’énerve quand même pas mal. Car bon, cette obsession, ça peut pas durer. Faudrait passer à autre chose. Mais j’y arrive pas. Je la vois et j’oublie – j’ai envie de lui plaire, j’ai envie de la comprendre, elle est belle… Non, elle n’est même pas belle. Elle est mignonne, elle est charmante, elle se rend séduisante. Je la veux. Quand je la vois plus, j’ai vraiment envie de l’oublier, je me dis qu’il faut que je pense à autre chose, et plus je veux penser à autre chose, plus ça me ramène à elle. Pourtant elle m’a bien dit que c’était impossible. Enfin, je crois… Elle est folle, en fait. Ou bien elle a peur de l’être ? Je crois pas vraiment qu’elle le soit. Pas autant qu’elle l’imagine en tout cas. Elle l’est pas plus que moi, ou un autre. Elle m’agace tiens. Elle pourrait être un peu plus claire !
- Claire à propos de quoi ?
- D’elle-même, de moi, des autres. Elle se met volontairement en retrait, elle affirme d’elle-même qu’il faut pas chercher à la connaître. Comme si y’avait une sorte de monstre ou quoi, enfoui dans sa poitrine… Bref. Et puis en même temps elle fait sa gentille. Elle sait qu’elle me plaît, et elle me torture, l’air de rien ? Je sais pas si elle le fait exprès. Sûrement. Cruelle ! Et puis, plus je suis distant, plus elle joue à la bienveillante. Mais dès que je lui montre qu’elle me plaît, elle se rétracte, comme ça, elle a presque l’air dégoûtée, ou lasse. C’est horrible d’être comme ça !
- Douche écossaise ?
- Oui, c’est ça. C’est tout à fait ça. Chaud froid. Cours-moi après que je t’attrape. Pourquoi les filles font-elles toutes ça ?
- C’est le syndrome Mathilde de la Mole…? Elle est sûrement indécise elle-même…
- Oh non, je crois pas. Elle est déjà prise.
- Ca n’empêche rien.
- C’est vrai. Mais je sais pas… Son mec a dû réussir à la comprendre pour l’avoir. Moi j’y arrive pas. Alors…
- C’est pas sûr que son mec ait vraiment réussi.
- Oui, c’est pas sûr. Mais… Elle en parle toujours bizarrement, de son mec. Comme s’il venait d’un autre monde. Auquel ils appartiendraient, tous les deux. C’est mauvais signe. Bordel ! Pourquoi est-ce qu’elle est comme ça ? Pourquoi est-ce que j’arrive pas à passer à autre chose ? Toutes les autres filles me semblent fades  à côté d’elle, c’est affreux.
- Tu t’obstines parce qu’elle te résiste.
- Oui, bien sûr. Je suis un peu con, moi aussi.
- Peut-être qu’elle espère quand même…?
- Qu’il se passe un truc ? Ce serait un peu tordu, non ? C’est possible, remarque. Elle pourrait vouloir que je me lance. Juste pour la beauté du geste. Juste pour avoir le plaisir de me voir me faire humilier en beauté devant ses lèvres fermées. La garce.
- C’est presque joli, ce que tu viens de dire.
- Le coup des lèvres fermées ? Merci. Je sais pas, l’amour me rend con et un peu poète. Je sais pas si c’est tellement souhaitable.
- Il paraît que ça l’est quand même.
- L’amour rend vivant, tout ça…? Alors quoi, ce serait par charité qu’elle me torturerait ? Pour donner un peu de piquant à ma vie ? Trop aimable. Eh, t’as des raisonnements bien tordus dans ton genre toi non…? Tu serais pas un peu comme elle ?
- Moi ? Non. Je constate, j’écoute. Je questionne. Je ne sais rien.
- Tu lui ressembles un peu. Enfin bon, on s’en fout. Fais pas cette tête, c’est pas toi le sujet aujourd’hui, on le sait bien, toi et moi… Voilà. Ecoute, je sais pas quoi te dire de plus sur elle.
- Que penses-tu d’elle ?
- … Je pense à elle. Mais je ne sais même pas à qui je pense au fond. Je ne peux rien te dire d’autre.