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Abri
C’est bien étrange, toute cette continuité. Tous ces liens qui se tissent, mine de rien. Du néant. De ces mots qui se répètent, de ces formules qui s’entrechoquent – je me relis encore, je me surprends à sourire de mes larmes sèches. Il faut que je purge, j’aimerais écrire, je n’y arrive plus, il faut bien que j’affronte pourtant – le roman de ma vie, de mes nuits, de mon adolescence, d’antan. Il faut que ça s’achève, peut-être sur du papier, mais enfin il faut que ça s’arrête, que ça meure pour renaître ailleurs.
J’aime, j’en ai assez. Je voudrais simplement être je sans avoir besoin d’un tu, car le tu me tue trop facilement, le jeu disparaît – et trop de choses tues que je hais… s’engouffrent, me font valser. Me, moi, moite, je cogite, je me cache trop. Tous ces mois. On ne comprend pas. Je ne cherche pas à être intelligible cela dit. Je suis assise dans ma tête. Je voudrais ne jamais en sortir. Je voudrais être je en moi. Sans qu’on se joue de moi. Sans que moi je ne sois en jeu. Mais il faut des toi, des toi pour avoir un toit, car le je tout nu, tout frêle, n’est rien sans toi, sans toiture. Il ne sait pas s’abriter, il ne sait pas moi, il ne sait que toi tu n’es pas moi mais tu es un toit pour moi, peut-être pas pour des mois. Soit, cela va de soi. Et la vie, dans tout ça. Dans tous ces espaces entre toi et moi, entre toit et mois, entre soi et le reste.
Je cherche un chez moi, et toi ?