Funambule

Sur un fil, il marche, il trébuche souvent, il ne cesse de s’étrangler de rire. Le vent glacé souffle dans ses côtes flottantes. Il y a comme une boule brûlante dans sa gorge. Il ne peut l’avaler ni la vomir. Elle roule, roule, inlassablement. Des petites aiguilles viennent taquiner ses yeux. Ses entrailles, en feu, gémissent parfois, il ne les entend pas, il les sent juste, bouillonner, l’air de rien, crépiter au creux de ses reins. Il avance peu, mais il avance, parfois il recule, il n’a pas trop de sens à suivre. Tu sais que je ne m’aime pas. Il ignore les projectiles qu’il reçoit en pleine figure. Ses joues sont contractées. Ses dents claquent hors de ses lèvres. Sa langue se rétracte et chatouille la boule brûlante. Ce n’est pas comme si personne ne se rendait compte de rien. Ca lui démange le bout des pieds. Des cloques, par milliers, glissent sur sa peau, éclatent, purulentes. Le jus coule entre ses doigts. Il ricane encore. Je voudrais m’asseoir mais je ne peux pas, ça me ferait trop mal. Je voudrais serrer quelqu’un entre mes bras. Le vide devant lui s’ouvre, immense. Juste ce fil, sans fin, qui s’étire, tendu, fragile, douloureux. Le plus simple serait de se laisser tomber. Si seulement tu pouvais me voir, et m’envoyer un baiser du bout des doigts. Cela me donnerait envie de progresser. Son talon dérape. Son corps est devenu tout sec à force de suppurer. Comme une brindille. Il pourrait s’évaporer dans le néant. J’ai tellement envie de croire que cela me fait mal.



Réagir :