La vérité toute nue n’est qu’une bouffée de larmes. Elles bouillonnent dans ma bouche et me laissent beaucoup d’amertume. Le bord des yeux s’incline, à force d’avoir trop soupesé ces choses-là. Ces victimes infinies d’insouciances fugitives. Je ne sais pas si j’y arriverais. A y croire. J’aurais envie que les choses s’arrêtent pour acquérir une certitude. Dans la solitude, au moins, il n’y a que soi, il n’y a rien. Je m’évide de tout soupçon. Je m’éventre à en perdre haleine. Et toujours les mêmes salmigondis qui reviennent, qui pataugent. Je perds du temps, je me perds. Dans la nuit j’écoute le noir. Je broie l’air nocturne sous mes dents qui claquent. Je me demande si j’irais jamais nulle part. Je piétine dans mes mots. Je ne sais plus qui je suis, si cela vaut le coup d’être perdue. J’aimerais tant – au conditionnel, beaucoup d’espoirs, une aspiration, un rêve incertain. Impossible à formuler. Je voudrais. Je ne sais quoi. Au bout de mes doigts, il y a le vide. Attraper quelque chose, ce serait bien. Je ne sais quoi. Je croasse bêtement, je coasse froidement. Des petites perles glacées, coincées dans ma gorge. Des pierres ciselées, imparfaites, qui me rongent, qui deviennent maladives et sans âme. Je ne résouds rien. Je m’épanche, j’étanche ce que je peux. J’essuie mes joues. J’attends.
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En secret
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Sur le fil
les mots prennent la fuite
ils caracolent
les larmes s’agitent
je sanglote
et mon amour, frivole
la vie s’envole
la mort sans suite
si vite, s’étiole
j’aimerais tant que tu te souviennes
te cueillir sous les reflets
ébloui par l’été cotonneux
les rêves indécis des cours d’école
s’estompent, peu à peu
à deux
sans tout
je brise
j’épuise mes mains
dans des trous sans ailes
et les coups, à tire-d’aile
s’emmêlent dans mes yeux
j’aimerais tant te voir heureux
je me sens si triste
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