Liqueur

Quand notre corps est plongé dans des abîmes de souffrance, le doux frémissement de la nature nous apparaît empli de grâce.

Finitude

Il y avait bien longtemps que je ne m’étais trahie.
Je ne devrais pas tant m’arranger avec la réalité ou avec moi-même.
Souvent j’ai soif mais plus je bois, plus je m’écoeure.
Toujours l’envie de disparaître me guette au bout du couloir.
Mon masque fond et mon visage détrempé avec.
Je nage entre l’horreur et l’impatience.
Je me crée peut-être du drame par ennui de moi-même.
Je cherche un sens autre que celui qui m’effraie.
Je ne sais plus mais je souris.
La gaieté agite mes viscères et les rend exsangues.
J’ai peur de finir comme une ombre.

25° – 2,5 g

Légumineuse. Grumeuse plutôt. Grumpy. Cette histoire ne sera pas très intéressante. Elle aura l’haleine des lendemains difficiles.

Ca vous gratouille derrière l’oreille, vous avez envie d’en parler. Je vous écoute. En fait j’ai le coeur au bord des lèvres. Le coeur plein d’une sève ardente. Et alors ? Cette sève me brûle. Aigreurs d’estomac. Vague vertige. Nausée ? Sous la langue, par intermittences du coeur. Combien de fois ? Parfois.

Ne me faites pas rigoler. J’ai beaucoup ri hier soir, c’est vrai. Ce rire était violent. Une forme de rage vengeresse. Un soufflet porté à l’existence. Une griffure sur la toile de l’amertume. Des coups de poing hilares au coeur qui tremblote. La bile rebelle, dans le zèle, on s’attelle à… tressauter, cancanner, ahaner. Aha ? N’est plus, ni moins.

Je regarde de travers, les choses m’échappent. Que nenni. Vous me faites marcher un peu loin. Les voyages forment la jeunesse. Y compris les voyages de l’âme sur les eaux tumultueuses des frustrations écartelées. Trop d’adjectifs dans votre proposition, pas assez d’impératifs. Je vous merde, Monsieur, si vous saviez. Je ne sais pas. Ah bien tant pis.

Pis encore. Mes ongles qui se renfoncent sous mes doigts. C’est une bien drôle d’idée. Une bulle de vapeur alcoolisée flotte sous votre nez, Madame. Chassez-la du revers de votre main. Attendez, je mets un grand gant, s’il vous plaît. Faites donc. Eh bien voilà, c’est mieux.

Etc.

Saoule

Les yeux qui me piquent. De froid, de fatigue. Des larmes enfouies au creux de mes paupières. Une bouche au goût de bière. Faim. Rien. Je ne sais pas, bordel, je ne sais pas. Si ça va. Où je vais. Je me paralyse. Je me tais. Je n’ai plus envie.

Disparaître plutôt que paraître. Haleter plutôt qu’étouffer. Je voudrais m’allonger et dormir, sans avoir à penser à demain, aux autres, aux autours. Lèvres salées, écorchées, et sales. Je m’essuie mais rien ne part. Tout reste incrusté, lancinant. Je m’énerve, je m’exaspère. J’ai trop de dents serrées contre ma langue. Je crache mais rien ne vient. Je tousse et je m’étrangle. Trop de borborygmes qui remuent mon ventre. Creusent dans mon âme des sillons étranges et puants. Glaucome des pensées alentours. Cela me fait si froid dans le dos. Froid comme un animal mort qui voudrait s’immiscer sous ma peau. Solitude effarante. Je ricane et je frissonne. Et toute cette rancoeur. Je n’en finirai jamais. Et pourtant quelle nausée !